لبنان: بعد الخيانة والغدر هل من سبيل للنجاة؟
روجيه عقل
Le Liban trompé, le Liban trahi, le Liban ensanglanté, survivra-t-il ?
Pourquoi ce titre ? Car depuis la libération de la Turquie et la création de l’Etat du Grand Liban, une partie de ses habitants, infime, mais renforcée par les voisins du Liban, beaucoup plus puissants, cette partie infime a toujours travaillé pour l’étranger proche, « fraternel », lointain et/ou franchement ennemi, profitant de ses générosités en appuis pour le pouvoir et l’argent.
Cette ou plutôt ces trahisons, puisqu’il faut les appeler par leur nom, détruisirent le Liban, a partir de 1975, sous les coups ennemis des pro-Palestiniens, appuyés par les nationalistes arabes, et combattant les pro-Israéliens, appuyés par tout le monde occidental ou, du moins ils le pensaient ; je compris, quand je fus envoyé comme Attaché Adjoint des Forces Armées libanaises à Washington DC, que l’Occident, C’est-à-dire, Israël, avait trouvé intelligent d’appuyer les deux bords pour détruire un pays, dont l’existence était un message au monde qui contredisait les prétentions israéliennes de création d’un Etat confessionnel juif pur.
Tout le monde y participa, car on trouvait à chaque pays une raison pour qu’il y trouve son intérêt : la Syrie et l’Egypte de Nasser, dans la création de l’unité arabe et la bataille contre un pays gouverné par des « chrétiens alliés de l’Occident », ”voulant chasser du Liban les pauvres réfugiés palestiniens”, l’Arabie saoudite dans la défense du sunnisme politique, avec, pour débuter, un zest de Wahhabisme, et utile pour avoir une patrie de rechange pour les Saoud, en cas… Entretemps, un Liban, avec ses montagnes, ses bars, son casino et ses filles faciles blondes Est-européennes, serait une maison de campagne idéale pour les princes, fatigués de jouer aux saints de l’Islam wahhabite. Quant aux chrétiens, les souvenirs de l’oppression sauvage turque séculaire les jetèrent dans les bras d’Israël.
Oui, me direz-vous, tout cela a commencé il y a quarante ans et vous avez raison de préciser : ”commencé”. Car, ce qui se passe aujourd’hui n’est que la poursuite du même plan israélo-occidental de ruiner tout ce qui entoure Israël, tout en créant un chaos ‘destructif’ aux frontières de tous les rivaux eurasiatiques des Etats-Unis. D’où la création de l’ISIL, utilisant tous les pays de l’alliance OTAN, Israël, Golfe pétrolier, chacun suivant ses capacités de destruction.
Pour l’Occident, ses outils sont les media, l’ONU, les ‘interventions humanitaires’ et les ONG du même nom ; pour Israël, ce sera la force brutale, alliée au chantage presque séculaire sur la Shoah. Qui oserait critiquer Israël et sa force ”la plus morale au monde” ? On le traiterait tout de suite d’antisémite, au point qu’en Europe la liberté d’opinion est devenue, au mieux, toute relative si elle n’a pas été franchement éliminée.
Qui ose aujourd’hui critiquer le génocide de Gaza[1] ? Israël se dit victime de ses victimes.
Quant aux Turcs et aux Jordaniens, ils devaient fournir leurs frontières avec la Syrie et leurs territoires, pour y entraîner et envoyer dans le pays voisin les combattants venus de tous les pays du monde. Une fois entrés en Syrie, ces combattants n’ont plus le droit de revenir[2]. Quant aux Arabes du Golfe, on leur demande leur pétrole, leur argent et leur wahhabisme pour la création de fanatiques sanguinaires, à l’ origine d’Al Qaeda et de l’ISIL qui déborda de la Syrie vers l’Iraq et vers le Liban.
Le Liban trahi.
Depuis la tragi-comédie du changement de constitution libanaise à Taëf, en Arabie saoudite, les pouvoirs du Président maronite de la République libanaise ont été donnés de fait au Président du Conseil sunnite qui fut, pour la plupart du temps, un Hariri ou son parti Al Moustakbal. Or, Rafik Hariri fit fortune en Arabie saoudite et quitta sa nationalité libanaise pour devenir saoudien. Il ne la reprit que lorsque SON roi le lui demanda pour venir au Liban recevoir son poste de Premier Ministre. Depuis, tous les chefs de gouvernement libanais furent et sont aujourd’hui les serviteurs obéissants du roi d’Arabie saoudite. Ils sont renforcés par le fait que les députés chrétiens du Liban sont élus en majorité avec les voix non chrétiennes, financées en plus avec l’argent saoudien[3], et, en 2005, tous les non chrétiens se sont ligués contre ce que le chef druze Walid Joumblatt avait appelé le tsunami du général Michel Aoun.
Le parlement libanais est divisé aujourd’hui, en deux moitiés, l’une appelée du 8 mars, proches de la Syrie, tandis que ceux du 14 mars sont aux ordres de l’Arabie saoudite, du Qatar, de la Turquie, de l’Occident et d’Israël. C’est cela qui fait que le Liban ne peut plus élire un Président de la République ; son gouvernement est divisé en deux, tandis que le parlement se renouvelle lui-même sans recourir à des élections législatives. L’Arabie saoudite et l’Occident, possédant la moitié des voix au parlement, y trouvent leur intérêt, car si le peuple pouvait émettre son opinion, il jetterait dehors tous ces députés à leur solde.
Le Liban poignardé.
Pourquoi puis-je l’affirmer ? Je le peux, car, lorsque l’armée fut attaquée à ‘Ersal par les djihadistes d’Al Nousra et de l’ISIL, qui firent des prisonniers militaires, elle riposta les enfermant dans cette ville. Ce fut à ce moment que l’armée fut forcée par ses chefs politiques de laisser sortir les djihadistes de la ville avec leurs prisonniers militaires ”avec promesse de les libérer une fois sortis”. Depuis, l’ISIL exige d’échanger les prisonniers de l’armée libanaise contre dix fois leur nombre en criminels djihadistes, condamnés pour meurtres, voiture piégés et complot contre l’Etat ; une fois libérés, ces derniers pourraient reprendre leurs crimes contre la population libanaise.
Cela ne pouvait se faire que parce que certains politiciens du gouvernement avaient trahi leur pays. Depuis, deux de nos soldats eurent la gorge tranchée, et le pays est en ébullition, tandis que le nombre des réfugiés syriens a dépassé 1,5 millions ce qui, pour la France, dépasserait 30 millions, terrain fertile aux djihadistes. Ajoutez à cela les réfugiés palestiniens et vous voyez le danger imminent
Les gens commencent à crier avec raison que, l’ennemi de mon ennemi étant mon ami, le Liban devrait appliquer les accords de coopération existant entre le Liban et la Syrie, pour combattre ce monstre qu’est l’ISIL, surtout qu’il est question de la survie du Liban. Car, l’ISIL chercherait à conquérir tout le Nord du Liban pour arriver à la mer et posséder le port de Tripoli qui alimenterait ainsi la rébellion syrienne.
L’Iran et la Russie proposèrent de fournir l’Armée libanaise, en armes et en munitions, sans conditions et gratuitement, pour lui permettre de combattre ce monstre.
Ce fut à ce moment que l’Arabie saoudite promit une première fois $3 milliards pour armer l’armée libanaise. Cette promesse fit long feu et l’armée pouvait répéter les vers du poète Al Moutanabbi : « Je suis riche et mes richesses sont de vagues promesses ».
Puis de nouveau, lorsque l’idée de coordonner les opérations de l’armée libanaise avec celle syrienne et le Hezbollah devint de plus en plus logique et même vitale, l’Arabie saoudite envoya son ”fils chéri”, Saad Hariri[4], soi-disant avec $1 milliard de plus, pour l’armée libanaise, qui n’en vit même pas de la fumée. Et ”l’armée libanaise se trouva nue quand la bise fut venue”.
Ces derniers jours, les Etats-Unis, suivis par tous leurs alliés, sortirent de leur chapeau le lapin de combattre l’ISIL. Mais attention, ce ne sera pas avec l’aide du ”méchant” dictateur syrien, mais avec les gentils rebelles modérés qu’on devra former en Jordanie et c’est pour cela qu’il faudra attendre trois ans, durant lesquels l’aviation américaine ”pourrait” l’attaquer en Syrie. Tout le monde comprit le message, dont les Russes, les Syriens, les Iraniens, lesquels prévinrent Washington qu’elle devrait pour cela demander la permission du gouvernement syrien. Entretemps, le Liban devra poiroter à recevoir les coups, en attendant… Quoi ? Les armes françaises qui ne viendront jamais (car les mauvaises langues Inventent déjà l’excuse qu’il y aurait des commissions énormes à payer) ? Quant aux promesses saoudiennes de financement, elles n’arriveront jamais comme l’explique le dicton libanais : « Attend mulet que pousse l’herbe (pour pouvoir manger)”.
Conclusion : le Liban survivra-t-il ?
Le Liban se trouve dans cette situation, car il a été assujetti durant des années à un multiple coup d’état politique et militaire appuyé par plusieurs états arabes, étrangers et ennemi et qui s’est échelonné à partir de 1975. Son gouvernement ne peut plus prendre de décision pour le sauver car il est divisé. Le seul espoir du Liban aujourd’hui est dans son armée, son peuple et sa résistance.
Le gouvernement ne pouvant pas prendre de décision, la seule issue légale et constitutionnelle serait de faire des élections parlementaires libres et démocratiques, pour que le peuple élise ses représentants qui éliront un nouveau Président de la République et désigneront un nouveau gouvernement.
Si cela s’avérait impossible, Il faudra que, pour empêcher le peuple de se soulever ou de se diviser (on parle déjà d’un Etat Islamique de l’ISIL, qui s’étendrait de la ville de ‘Ersal à la frontière Est du Liban jusqu’à Tripoli), à cause, non seulement, des attaques de l’ISIL, appuyées par une partie des populations sunnites du Liban et des réfugiés syro-palestiniens), mais aussi, de la situation globale de non décision et de non action pour l’intérêt du pays et du peuple, il faudra donc que l’armée, elle-même, sous la direction de son Conseil du commandent interconfessionnel, prenne les décisions nécessaires aux opérations, contre les attaquants djihadistes, en coordination avec les troupes syriennes et le Hezbollah, car la patrie est en danger.
Pour cela et pour combattre l’
Pour cela et pour combattre l’ISIL, elle n’aurait qu’à appliquer les accords sécuritaires déjà signés avec la Syrie par les gouvernements précédents et qui n’ont pas été annulés. Le gouvernement étant impuissant à prendre une décision pour le bien du Liban, ne pourra pas non plus prendre une décision contraire. Je suis sûr que tous les Libanais, non seulement, seront reconnaissants à l’armée d’avoir pris les décisions nécessaires au sauvetage du pays, mais participeront eux-mêmes à sa mission, surtout la population et la résistance.
Roger Akl
[1] Si tuer un innocent est un génocide comment donc au moins 550 enfants?
[2] Les media nous racontent comment les combattants de l’ISIL qui rentrent en Turquie sont arrêtés et remis à leurs gouvernements d’origine.
[3] L’argent est le péché de toutes les démocraties et peut renforcer les pouvoirs des lobbies et des partis manipulés de l’étranger, surtout israelien.
[4] Ce serait le cas de le dire si on écoutait les mauvaises langues disant qu’il serait le fils du défunt roi Fahd. Sachant les mœurs de la famille royale et de ses favoris, la nouvelle serait crédible.